Les violences sexistes et sexuelles (VSS) au travail concernent l’ensemble des milieux professionnels. Mais le secteur sanitaire et médico-social présente des facteurs de vulnérabilité spécifiques qui en font un contexte à risque accru : forte féminisation des équipes, rapports hiérarchiques parfois marqués, proximité physique inhérente aux soins, charge émotionnelle élevée, et persistance de cultures professionnelles où la parole a parfois encore du mal à se libérer.
Agir contre ces violences n’est pas une option : c’est une responsabilité collective et une exigence éthique, au service de la qualité de vie au travail, de la prévention des risques psycho-sociaux, et de la cohérence entre les valeurs défendues par les établissements et leur réalité interne.
1. Prévenir : une culture commune pour réduire les risques
Les actes sexistes ou les violences sexuelles s’installent souvent dans des contextes marqués par le silence, la hiérarchie figée, la tolérance à des propos déplacés ou des attitudes ambigües. Dans les établissements de santé ou médico-sociaux, certaines spécificités renforcent cette exposition :
- Une prévalence élevée de femmes dans les effectifs, particulièrement en situation de subordination,
- Des horaires en décalé, des situations de huis clos ou d’isolement (gardes, nuits, domiciles),
- Des gestes professionnels intimes pouvant être détournés de leur cadre,
- Une culture du don pouvant favoriser la minimisation des atteintes.
La prévention passe donc par une prise de conscience collective, qui ne repose pas uniquement sur l’application du droit mais sur un travail de fond sur les représentations, les pratiques professionnelles, les postures managériales et les démarches institutionnelles.
2. Faciliter le signalement : sortir de la peur et de l’isolement
Les victimes ou témoins de VSS dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux font face à des obstacles bien identifiés : crainte des représailles, difficulté à identifier les interlocuteurs de confiance, sentiment d’impuissance ou de normalisation (« ce n’est pas si grave », « on n’a pas le temps pour ça »). Ces freins sont d’autant plus forts dans des structures marquées par une forte culture de loyauté ou encore une méconnaissance des recours existants.
Mettre en place un environnement favorable au signalement, c’est :
- Informer clairement sur les dispositifs internes existants (référent·es VSS, instances de médiation, direction…),
- Garantir la confidentialité, l’écoute bienveillante et la non-représaille,
- Outiller les managers et les professionnels relais pour recevoir une parole souvent difficile à formuler,
- Rendre visibles les droits, les définitions légales, et les démarches possibles.
Le signalement est une étape clé qui permet d’interrompre la spirale de la violence et de poser un premier cadre de protection.
3. Traiter les situations : enquêter, protéger, réparer
Les établissements ont l’obligation légale d’ouvrir une enquête sur tout fait signalé. Mais au-delà de l’obligation, il s’agit de traiter avec sérieux et méthode les situations signalées.
Un traitement rigoureux suppose :
- Une procédure claire et partagée : recueil de la parole, évaluation de la gravité, mesures conservatoires,
- La mise à distance émotionnelle des parties, pour garantir une analyse équitable,
- L’implication d’intervenants formés, internes ou externes, garantissant la neutralité de la démarche,
- Des décisions cohérentes, proportionnées et suivies d’effets (sanctions, réorganisation, accompagnement RH, etc.) avec des procédures institutionnelles identifiées.
Il en va de la crédibilité de l’institution, mais aussi du rétablissement d’un environnement de travail sain et respectueux.
Un enjeu éthique, professionnel et collectif
Dans le secteur du soin et de l’accompagnement, où l’on attend des professionnel·les qu’ils prennent soin de l’autre, il est impensable de laisser s’installer des violences au sein même des équipes. Chaque agissement sexiste, chaque silence complice, chaque banalisation participe à éroder la confiance entre collègues, à faire taire les victimes, et à fragiliser la qualité de la prise en charge.
Promouvoir une culture commune de respect, de vigilance et de réaction face aux violences sexistes et sexuelles, c’est :
- Affirmer une cohérence entre les valeurs du soin et les pratiques internes,
- Préserver la santé physique et mentale des professionnel·les,
- Renforcer l’attractivité et la stabilité des équipes,
- Créer des conditions propices à un engagement durable dans les métiers du lien.
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Dernière modification le 12 mai 2025 à 18h31
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